Cet été, j’ai eu la chance de pouvoir lire un peu en avant-première, un des livres de la rentrée littéraire du catalogue des Editions Iconoclaste.
Parmi tous leurs titres, j’ai choisi « En nous beaucoup d’hommes respirent » de Marie-Aude Murail, sans rien connaître de cette autrice* auparavant mais parce que le thème de ce livre m’a interpelée.
Pour tout dire, j’ai d’abord été déroutée par la présence de photos et de morceaux de lettres sur les pages et je dois même avouer que j’ai eu un doute en feuillant ce livre pour la première fois. Sera t-il assez « littéraire » ? Ne vais-je pas me retrouver démunie face à un déballage familial ou le simple récit d’une saga sur plusieurs générations ?
Au moment où naissaient mes doutes et, il faut bien le dire, mes a priori sur ce livre, je me suis alors souvenue qu’un ami m’a dit un jour au cours d’une soirée, « Tu sais, si on demandait à chaque personne présente ici de nous donner les prénoms de ses arrière-grands-parents, je suis sûr que la liste ne serait pas longue ». J’ai pensé « c’est fou ! », avant de fouiller dans ma mémoire pour n’y retrouver qu’un seul prénom (et un nom) : Jean Switalski, le père de ma grand-mère maternelle. Immigré polonais installé près de Saint Etienne, il a fait partie d’un réseau de Résistants pendant la seconde guerre mondiale. Si je connais son prénom et son nom, c’est parce que ma grand-mère –Wanda- m’a plusieurs fois raconté sa propre histoire de Résistante, commencée « sans le vouloir vraiment ». Elle avait à peine 18 ans quand elle trouva, cachée sous le charbon dans la cave, une petite machine qui servait à imprimer des messages. Son père lui révéla alors son secret et décida de la faire entrer dans son réseau. C’est ainsi qu’elle devint Résistante et fit plusieurs trajets à vélo pour livrer des messages dissimulés dans les coutures de son soutien-gorge.
Ce souvenir m’a fait prendre conscience de l’incroyable travail de mémoire que représentait ce livre et je décidais donc de passer outre mes doutes et mes a priori à son sujet. Et quelle formidable rencontre j’ai vécue ensuite ! De déballage impudique, il n’en fut absolument rien. De saga familiale insipide non plus, bien au contraire. Ce livre est une pépite.
Marie-Aude Murail a fait un énorme et fabuleux travail de mémoire et d’écriture. Se basant sur des lettres et fouillant comme une archéologue dans ses souvenirs, elle agence très subtilement toute cette matière avec une sincérité à la fois courageuse et généreuse. Non seulement, on s’attache très vite à ces personnages qui sont de vraies personnes et à ces histoires qui sont de vraies vies mais, plus fort encore, on se fond dans cette quête introspective qui court tout au long du livre, « Qui suis-je ? Quelle est mon histoire ? », pour s’ouvrir enfin plus largement sur « à quoi la vie se résume t-elle ? ».
Intime parce qu’il dévoile la vie de son autrice*, ce livre l’est aussi parce qu’il fait naître en nous des questionnements sur notre propre vie. Il invite d’une très belle façon à se laisser aller à une profonde introspection. En nous offrant son histoire, Marie-Aude Murail nous met face à nos vies, nos amours, nos choix, nos morts… S’il me fallait décrire en quelques mots la magie de ce livre, je dirais : « c’est un livre de résonances ».
En le refermant, mes doutes du début avaient laissé place à une sensation délicate de flottement heureux où se mêlaient le bonheur d’avoir rencontré ce livre et une profonde gratitude pour son autrice*.
NB 1
* J’écris « autrice » par conviction féministe (On dit un facteur/une factrice mais le mot auteur a comme « perdu » son féminin au fil des siècles, en partie à cause d’hommes qui ont considéré que les métiers d’auteur, de médecin, d’écrivain ou même de « chef » étaient des métiers d’hommes et n’avaient donc pas besoin d’avoir un féminin. Heureusement, les temps changent. Lentement mais surement et c’est pourquoi j’écris ici « autrice » 😉 ) . Mais si je précise cela ici, c’est aussi parce que j’ai été profondément émue en lisant à la toute fin du livre, cette phrase qui rend hommage à la lignée féminine de l’autrice tout en faisant écho au titre de son livre « En moi beaucoup de femmes respirent qui vinrent de très loin et sont une sous mon front ». ❤
NB2
Sur les photos, on voit plusieurs pierres. Ce sont (pour les curieux qui aimeraient savoir) des pierres dites de « protection » (la marron/jaune est un « oeil de tigre » et la grise une « labradorite »). J’aime beaucoup les pierres et les cristaux et je trouvais l’énergie protectrice de ces pierres allait bien avec ce livre 😉
Merci pour ce partage de titres de livres que vous partagez☺
Pour moi, ce sera
Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon.
Ainsi que « les filles » de Lori Lansens…1 roman inoubliable!
Je vous recommande ces 2 derniers livres que je termine et vous dit a samedi pour l atelier broche à Roubaix☺
Merci à vous pour ce commentaire ✨ Je me souviens avoir eu envie de lire « Les filles » ! (Mais je l’avais oublié). L’autre livre, je ne connaissais pas mais après quelques recherches sur internet, je le dis que ça doit être un livre génial !!!!
Au plaisir de vous rencontrer pour l’atelier alors ! (Par contre, ce n’est pas samedi mais dimanche 16 septembre – la semaine prochaine donc 😉). À très vite !
J’aime beaucoup cette autrice. J’ai passé de très bons moments avec ses livres durant mon adolescence. Je me laisserai tenter par celui-ci!
J’ai découvert qu’elle avait beaucoup écrit pour la jeunesse (je l’ignorais complètement avant de lire ce livre) et je me suis dit que j’allais justement m’y intéresser d’un peu plus près 😉 . Vous avez peut être un titre à me conseiller en particulier ?
Ha oui sans hésitez! La série des Nils Hazard est vraiment géniale!
merci ! Je le note 😉
« Ma vie a changé », publié en 1997 et qui vient d’être réédité, le 5 septembre.
Merci beaucoup. Je le note aussi (je vais finir par tout lire de Marie-Aude Murail !)