Jeudi, je suis retournée au bureau après quelques jours off durant lesquels :
Catégorie : **Petites merveilles du quotidien**
Tout ce qui fait que la vie est belle !
L’autobiographie qui parle de nos vies à toutes (enfin, je crois)
Nouvelle rubrique les amis ! 100% littéraire, s’il te plait.
Pour tout dire, depuis le début de ce blog, j’ai toujours eu envie de parler de livres. Juste parce que c’est une des choses les plus essentielles dans ma vie (excusez du peu!). « Boire une bonne bière » figure aussi dans la liste des choses les plus essentielles dans ma vie (faut pas pousser non plus).
Merci mais plus d’infos le matin pour moi (ni le soir d’ailleurs)
Tous les jours ou presque, je fais deux heures de trajet en voiture pour aller bosser (une heure le matin et une heure le soir) et comme tu l’auras compris en lisant le titre, ça me laisse le temps pour écouter les infos à la radio.
Ces derniers jours, j’ai ressenti à plusieurs reprises une nausée monter en moi. Premier réflexe : essayer de me rappeler depuis combien de temps j’ai mon stérilet et si la chose n’aurait pas du être changée depuis plus d’1 an (c’est tout à fait mon style d’oublier ce genre de truc). Passer le stress de la possibilité d’une grossesse (tu l’auras compris, j’ai pas du tout l’intention d’avoir un troisième !), il faut bien se rendre à l’évidence : la nausée vient d’ailleurs.
Cette tenace envie de vomir me vient tout droit des infos qui se déversent sur moi.
En vrac, j’ai entendu ces derniers jours :
– qu’un groupement d’enseignants frontistes venait de voir le jour pour la première fois. On aurait pu croire que les mots « enseignant » et « FN » étaient incompatibles et même antinomiques. En fait, non. J’ai même entendu un jeune enseignant très fier de nous parler de patriotisme et de préférence nationale. On sentait dans le son de sa voix et dans le choix de ses mots une frustration qui s’est transformée en rage. On devinait que le processus avait du être long et amer et que l’envie d’en découdre, de se venger et de vomir sa haine en était le résultat. Et ce jeune homme de 26 ans, haineux et aigri, est un enseignant. Malaise. Nausée.
– que « des centaines de migrants africains sont morts au large de Lampedusa suite au naufrage de leur bateau ». Quand je l’entends, cette phrase horriblement laconique me fait l’effet d’un chien enragé qui me saute à la gorge. Comme si d’un coup, le désespoir et la misère qui ont poussé ces gens à s’entasser dans un bateau pour connaître le pire enfer de leur existence (vie qui n’avait pourtant pas du être un modèle d’allégresse et de plénitude jusque là) avant de trouver la mort m’explosaient à la figure. Malaise. Nausée.
– quelqu’un déclarer que « les roms sont la gangraine de la France ». Des phrases comme celles là, j’ai l’impression d’en entendre des dizaines par jour. Comme si les roms devenaient la raison de tous les maux. J’ai l’impression que le rom de 2013 est le juif de 1933. Le parasite. Le mauvais. Celui qui fait notre malheur… et qu’il serait bon d’éradiquer. Malaise. Nausée.
Et j’en passe…
Et tout ça en pleine Fashion Week. Hum…
J’ai presque envie de dire qu’heureusement que la Fashion Week est là. Juste parce que c’est le signe que quelque chose « d’autre » existe. Quelque chose de léger. De beau aussi (parfois du moins). Mais l’écart entre ces deux mondes est si vertigineux qu’il me donne la nausée.
Alors, comme un instinct de survie, je coupe la radio. Le silence me glace. J’attrape mon iphone et j’essaie tant bien que mal (je suis en train de conduire, je te le rappelle) d’activer l’appli Deezer. Et puis, délivrance, la voix d’Agnès Obel inonde ma voiture. La chanson me fait l’effet d’un doudou. C’est chaud, doux, réconfortant. J’ai presque envie de fermer les yeux (mais je ne peux pas, je conduis).
J’écoute. Je pense à mes enfants. Je pense à leur voix pleine de joie et d’excitation quand ils qui crient « Maman ! » en me voyant arriver le soir. Je pense à la chaleur de leur cou quand je les embrasse. C’est dingue comme soudain les choses peuvent être d’une clarté cristalline. Comme si on percevait de façon évidente ce que notre vie à de plus précieux, de plus vrai, de plus essentiel.
Le soir, sur la route du retour, c’est avec Agnès Obel que je ferai tout le trajet. En poussant la porte de chez moi, je retrouve mes amours. Mes enfants et mon homme. Toute ma vie.
Voilà, demain j’essaierai de me remettre à raconter des trucs drôles (ou au moins des conneries ou des trucs futiles mais chouettes). Aujourd’hui, c’était relâche (on dira que c’est la faute au syndrome prémenstruel. Tiens d’ailleurs, il faudra que je te fasse un billet sur ce salaud de syndrome. Y’a moyen de se marrer. Ou pas).
NB : la photo de mes enfants qui illustre ce billet a été prise « à l’arrache », avec mon iphone (qui me fait la gueule donc). Elle est floue et la lumière est mauvaise mais les sourires en disent long et illustrent parfaitement mon propos.
NB 2 : pour ceux qui ne connaissent pas Agnès Obel, y’a qu’à cliquer sur la vidéo ci-dessous (ceux qui connaissent ont aussi le droit de se faire plaisir en cliquant. Y’a pas de mal à se faire du bien les amis). ENJOY !